Marine condamnée, Bardella désigné ?
Le couperet est tombé : Marine Le Pen a été condamnée dans l’affaire des assistants parlementaires européens. La décision a fait l’effet d’une onde de choc au Rassemblement national, officiellement solidaire, officieusement embêté. Car derrière les déclarations d’unité, le plan B se précise : Jordan Bardella, dauphin et étoile filante, se prépare à potentiellement endosser le costume présidentiel. Son problème ? Sa jeunesse alors que les Français ont déjà goûté à cet atout avec Emmanuel Macron.
Wauquiez, Saint Pierre et Miquelon, et la course à l’échalote
Laurent Wauquiez a cru bon de marquer son retour par une proposition choc : transformer Saint Pierre et Miquelon en “hub de souveraineté” face au “péril migratoire et commercial venu du continent américain”. Une idée sortie de nulle part ou d’un épisode méconnu de House of Cards. Chez LR, certains y voient une audace stratégique, d’autres une fuite en avant populiste dans sa course au parti, et beaucoup un désespoir électoral emballé. Une chose est sûre : Laurent Wauquiez, pour sortir du bois avec une telle mesure, joue gros au regard d’une telle annonce. La question est de savoir si cela le desservira ou le replacera au centre du jeu ?
Bayrou, Betharam et les retraites : le triple boulet
François Bayrou vit un printemps compliqué. L’affaire Betharam le poursuit comme un nuage de fumée dans un confessionnal. Sa crédibilité, déjà entamée, fond comme neige au soleil. Et comme si cela ne suffisait pas, le voilà empêtré dans un conclave sur les retraites où personne n’osera donner des gages au Président Macron. Sur un tel sujet, à 2 ans des Présidentielles, il semble en effet n’y avoir que des « coups » politiques à prendre. Le terrain est en tout cas parfait pour créer les conditions d’une nouvelle censure à venir. Mais qu’importe, l’ancien sage du centre continue d’en appeler à “l’esprit de responsabilité”. On ne sait juste plus de qui, ni pour quoi.
Congrès PS : le front anti-Faure se lève
Au Parti socialiste, le printemps est celui des turpitudes internes. Olivier Faure, contesté mais pas vaincu, voit s’organiser un front anti-Faure déterminé à reprendre la main. Les éléphants sortent de la savane, les jeunes lions s’agitent, la question étant de savoir quelle personnalité pourra être le trait d’union qui permettra de bâtir une nouvelle majorité… sans programme, mais avec beaucoup de ressentiment. Le congrès promet d’être animé, entre débats d’appareil et nostalgie d’un passé révolu à la gloire de Jean Jaurès. Le PS, fidèle à lui-même : passionnément divisé, obstinément vivant.
Parlement : entre surcharge législative, chaos méthodologique, vacances parlementaires et suspension des travaux
À l’Assemblée nationale, c’est l’embouteillage ce qui donne la migraine tant aux professionnels des affaires publiques qu’aux administrateurs. Le projet de loi sur la fin de vie avance à pas feutrés mais divise. Le projet de loi “simplification” tente de faire simple… dans un chaos d’amendements complexes. Et le texte sur l’audiovisuel porté par Rachida Dati s’est malheureusement transformé en une mauvaise série française avec une réalisatrice qui ne pouvait plus contrôler le scénario ; comme si l’échiquier gauche voulait lui tendre un piège avant le lancement de la campagne sur Paris. Alors que les parlementaires profitent des vacances pascales sous la pluie, la question est de savoir si l’embouteillage créée par les trop nombreuses propositions de loi sera résolu par une session extraordinaire lors du mois de juillet (ou septembre). On comprendra que le Premier ministre veuille enjamber l’été pour ne pas risquer la censure, on comprendra aussi que les parlementaires « poussent » pour avancer.
Entre un Président projeté dans les sphères européennes mais qui a des fourmis dans les jambes sur le volet national, des oppositions en reconfiguration permanente, et un Parlement en surchauffe législative, la politique française semble avancer en crabe. Avril aura été le mois des emballements artificiels et des retours ratés. Mais que l’on se rassure : en mai, on fera peut-être ce qu’il nous plaît.